« Nul n2 p2 lir x2 texto 6’il n3 initi3 »

Traduire : « Nul ne peut lire ce texto s’il n’est initié ».
Bien sûr qu’il faut l’être.

Depuis le boom des téléphones cellulaires il y a une nouvelle façon d’écrire qui, à la fois combine des lettres et chiffres pour produire des sons. Peu importe la grammaire ou le vocabulaire employé, l’essentiel est d’exprimer, de façon concise, un son et une idée.

Les jeunes, collégiens, lycéens ou étudiants, sont au cœur même de ce curieux style littéraire, si on peut l’appeler ainsi. Ils s’en donnent effectivement à cœur joie.
Mais quelle est l’origine de cette écriture qui les met tant en transe?
Les raisons avancées sont diverses.
En effet pour certains ce sont les élèves, eux-mêmes, qui par pure paresse ont créé ce style d’écriture.  Et ce, pour parer aux longs cours d’histoire géo car à un moment donné « le bras se fatiguait ».

Pour d’autres cela proviendrait plutôt des sms,  En effet, cette « sténo reluquée » était la solution idoine pour dire beaucoup en si peu de mots. D’où le gain de temps et d’espace.  C’est qu’au départ les sms n’étaient pas gratuits et coûtaient relativement chers.

Entre autre motivation, il  y a aussi l’influence exercée par les artistes sur les jeunes. Quand au lieu de « MAESTRO » on se fait appeler « STROMAE » il est clair que cela a de l’impact.

Le phénomène, prenant de l’ampleur, pour avoir du succès auprès de la gent féminine il fallait savoir lui adresser des texto « stylés ».  Un « je t’aime » ne produisait pas le même effet qu’un  « G tm » qui, là, présentait en partie la carte d’identité de son expéditeur.
D’après Sharonne, élève en classe de terminale, écrire ainsi en abrégé était pour être dans « le fun » (à la mode), sinon on se faisait « traiter d’ennui » (de rétrograde).

La pub aussi, pour ne pas être en perte de vitesse, s’invitera par la suite dans la danse.
Elle deviendra de plus en plus ciblée, avec des mots imprégnés d’un style lapidaire au risque de n’être captés que par des initiés.

Quels dangers d’écorcher ainsi la langue de Molière ?
Simplement d’avoir le réflexe d’écrire tout le temps de la sorte. Ce qui pourrait jouer des mauvais tours comme le souligne Abbé, candidat au bac : « Je faisais un devoir de français et j’ai écrit je s8 sans m’en rendre compte. Le prof a lu et a exposé cette grossière faute devant tout le monde ».

Armand, prof de français, ne dit pas le contraire : « Cela pèse vraiment sur les rendus des élèves et contribue à la baisse de leur niveau. ».
Bien plus, avec le coup de pouce des média dans l’expansion de cette écriture, qu’adviendra-t-il de ces puérils esprits (des écoles primaires) dont à cet âge tout est parole d’évangile ?
N’assimileront-ils pas royalement ce que les pubs télé, radio, affiches leur servent à longueur de journée ?

D’un autre côté est-ce aussi les signes d’une nouvelle sténographie qui ne dit pas son nom ? Quand on sait que la sténographie est justement « l’art d’écrire aussi vite que la parole » et que cette science ne se dispense pratiquement plus dans les écoles ?
Cette « nouvelle sténo », contrairement à celle de William Williamson, aurait quand même l’avantage de puiser directement dans le flot des claviers alphanumériques, en vogue en cette ère des tics. Avis donc aux chercheurs.
Pour l’heure, élèves d’ici et d’ailleurs il est mieux de revenir à un beau brin de plume !

Par Vaxier

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