Pour l’année scolaire 2012-2013, la Côte d’Ivoire a officiellement enregistré 5076 cas de grossesse en milieu scolaire dont 916 en classe de CM2, 1832 au premier cycle du secondaire dont 912 en classe de 3ème. Le second cycle a enregistré, 2036 cas de grossesse dont 529 en classe de terminale.
A une échelle plus grande, selon un rapport de l’OMS publié en 2012 près de 16 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans accouchent chaque année dans le monde. Ce qui représente 11% des naissances à l’échelle mondiale.
Et 10% des 50 millions d’avortements réalisés chaque année concernent encore des adolescentes.
Comment expliquer ces chiffres alarmants ? Et comment cerner ce véritable problème de santé publique ?
Causes
Plusieurs raisons peuvent être à l’origine des grossesses d’adolescentes. On peut, pêle-mêle, avancer une certaine insouciance et immaturité qui demande à vivre pleinement sa jeunesse. Ce qui, le plus souvent, conduit à des relations sexuelles non planifiées. Parfois aussi c’est la mauvaise utilisation des préservatifs ; ou même carrément leur rejet car « n’étant pas romantiques » aux dire des adolescents. Tout cela dû, dans bon nombre de cas, au manque de connaissances et d’informations sur les méthodes de contraception. Il y a aussi un problème de mentalité comme la gêne pour l’adolescente de se rendre chez un praticien se faire prescrire la pilule.
La pauvreté, l’envie de paraître ou de faire comme les filles plus nanties peut aussi conduire à une vie de débauche. On peut aussi évoquer les mauvaises compagnies, le harcèlement sexuel, l’attitude irresponsable de certains enseignants qui engrossent leurs élèves, la promiscuité et le fait de vivre seule loin du regard des parents. Ou encore l’accent glamour du sexe à la télévision et dans les films, clips vidéos, sur internet ; les pesanteurs culturelles qui organisent des mariages précoces etc.
Conséquences
C’est d’abord le risque de quitter définitivement l’école. Certes, des formalités administratives pourraient être remplies et permettre, par la suite, le retour de la jeune mère en classe. Mais qu’en sera-t-il si la jeune maman en question se retrouve seule à éduquer son enfant ? Ce qui arrive quand ses géniteurs la rejettent et quand, de surcroit, l’auteur de la grossesse ne reconnaît pas l’enfant.
Il y a donc le risque de se prostituer pour subvenir à ses besoins et à ceux du bébé. Pour la jeune mère qui n’aura pas ainsi de diplôme il lui sera, plus tard, plus difficile de trouver du travail. Sa situation sociale sera donc précaire.
C’est aussi une perte substantielle pour l’Etat qui ne cesse de sensibiliser et d’investir pour l’égalité des chances à l’école entre filles et garçons.
Risques au plan médical
La moitié des jeunes filles auront recours à l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse). Ce qui mettra leur vie en grand danger. En effet, comme risques de l’IVG il y a :
- La stérilité
- La perforation utérine
- La synéchie utérine (accolement des parois utérines qui va conduire à une absence des règles et donc réduire les chances de l’enfantement)
- La Péritonite (infection purulente de l’utérus suivie d’une douleur pelvienne atroce qui conduira à l’ablation de l’utérus ou hystérectomie)
- Une hémorragie qui va entraîner l’anémie
- Une Septicémie (infection généralisée)
- Une Béance cervicale (ouverture anormale du col de l’utérus, agglutination du col et donc risque d’avortements spontanés pour les futures grossesses.)
- La mort. (étant donné que la plupart de ces points conduisent à la mort).
Toutefois si la grossesse est gardée et bien suivie, elle ne serait pas plus risquée chez l’adolescente que chez la femme plus âgée.
Solutions
Dans un certain nombre de cas il ne s’agit pas de prévenir mais d’accompagner ces grossesses précoces. En effet, faut-il d’abord entourer ces adolescentes d’affection et non les isoler. Ensuite les assister à tous les niveaux. Leur permettre de reprendre après l’école ou entrevoir leur réinsertion sociale (elles pourraient apprendre un métier) au cas où il ne serait possible de reprendre les études. Faut-il aussi sévir face à ce fléau, poursuivre en justice les auteurs de grossesses de mineures. De surcroit s’il s’agit d’enseignants, ceux-là mêmes censés éduquer les élèves et les amener à contourner de tels pièges.
Prévention
L’abstinence chez l’adolescente dans le cas contraire, adopter une méthode contraceptive réversible.
Il y a les méthodes hormonale (pilules orales ou injectables), mécanique (condom, diaphragme, stérilet) et chimique (spermicides).
Pour ces jeunes qui auront ainsi fait le choix d’une vie sexuelle la contraception devra être accessible, voire entraîner la distribution des produits gratuitement. Faut-il aussi renforcer l’éducation sexuelle à l’école, veiller sur les valeurs véhiculées par les médias, changer les valeurs associées au couple et à la famille (concernant les grossesses hors mariage). Grandement sensibiliser les jeunes filles, notamment sur les dégâts immédiats et futurs de l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse). Utilisez fortement les TIC pour atteindre le maximum d’adolescents etc.
Pour clore le chapitre
Les grossesses en milieu scolaire sont assez complexes et doivent être traitées avec assez de tacts. Si par le passé, ici ou ailleurs, c’eût été presqu’incroyable d’aborder un tel sujet, aujourd’hui force est de reconnaitre cette lapalissade: les adolescents ont une vie sexuelle au même titre que les adultes. L’acceptation sociale de cette sexualité des jeunes est en soi une ébauche de solution.
Xavier Baugnan