La fracture numérique est la disparité d'accès aux technologies informatiques, notamment Internet. Elle recouvre parfois le clivage entre « les info-émetteurs et les info-récepteurs ». Cette disparité est fortement marquée d'une part entre les pays riches et les pays pauvres, d'autre part entre les zones urbaines denses et les zones rurales. Elle existe également à l'intérieur des zones moyennement denses. La fracture numérique concerne les inégalités dans l'usage et l'accès aux technologies de l'information et de la communication (TIC) comme les téléphones portables, l'ordinateur ou le réseau Internet. La fracture numérique ne représente donc qu'une toute petite partie de l'ensemble des inégalités de développement. On parle parfois aussi de fossé numérique.
L'expression fracture numérique (en anglais : digital divide) est calquée sur celle de fracture sociale employée par Jacques Chirac, lors de la campagne présidentielle de 1995.
« D'une manière générale, le fossé numérique peut être défini comme une inégalité face aux possibilités d'accéder et de contribuer à l'information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC. Ces éléments sont quelques-uns des plus visibles du fossé numérique, qui se traduit en réalité par une combinaison de facteurs socio-économiques plus vastes, en particulier l'insuffisance des infrastructures, le coût élevé de l'accès, l'absence de formation adéquate, le manque de création locale de contenus et la capacité inégale de tirer parti, aux niveaux économique et social, d'activités à forte intensité d'information. »
L'existence et l'évolution d'une fracture numérique au sein d'une population peuvent être évaluées en tenant compte d'indicateurs tels que le nombre d'utilisateurs d'Internet, le nombre d'ordinateurs connectés (rapportés à la population). Cependant, ces indicateurs ne permettent pas, en eux-mêmes, de déterminer les usages des TIC par ces populations qui devraient accéder à la « société de l'information ». La Journée mondiale de la Société de l'information, qui a lieu depuis 2006 tous les ans le 17 mai, a pour but de sensibiliser le public sur le sujet et sur les avantages que peut offrir l'internet.
Une fracture numérique existe entre pays du Nord et pays du Sud. Elle est également qualifiée de fracture horizontale lorsqu'elle est constatée au sein d'un pays (y compris développé) avec des différences en zones urbaines et zones rurales ou encore entre catégories sociales ou entre les sexes.
La fracture numérique est donc un sujet très vaste. Nous nous intéresserons principalement ici aux inégalités liées au réseau Internet.La réalité de la fracture numérique dans l'accès à Internet
Du fait de l'évolution extrêmement rapide du réseau Internet, on se limitera à quelques exemples numériques. Bien qu'un peu datés, ils sont intéressants.
Comparaisons population/internautes en septembre 2000 |
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États-Unis d'Amérique |
Continent africain |
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Pourcentage de la population mondiale |
4,9 % |
12 % |
Pourcentage des internautesmondiaux |
43 % |
moins de 1 % |
Bien que le mandarin (Chine) soit, et de loin, la première langue mondiale, seulement 8,4 % des internautes ont le mandarin pour langue maternelle. De même, anglais et espagnol sont deux langues maternelles aussi courantes l'une que l'autre dans le monde et pourtant, 45 % des internautes parlent anglais pour seulement 5,4 % espagnol. La « comparaison des langues » est donc une autre manière de constater la réalité et l'importance de la fracture numérique.
En 2008, les internautes représentent seulement une minorité de la population mondiale. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'internaute type est « un homme de moins de 35 ans, diplômé de l'enseignement supérieur, disposant de revenus élevés, habitant en ville et parlant anglais », soit « un membre d'une élite très minoritaire ».
La situation de l'Internet en Afrique
Dans le domaine d'Internet, l'Afrique accuse un retard très important. D'ailleurs, il a fallu attendre jusqu'à novembre 2000 pour que le dernier pays africain (l'Érythrée) soit connecté. Et une très faible minorité de la population africaine a accès au réseau.
Cependant, aujourd'hui, Internet connaît une croissance rapide, notamment du fait de la privatisation du secteur des télécommunications et de l'attrait du courriel par rapport au courrier papier pour les échanges avec l'étranger. Cette opportunité favorise l'éclosion de nombreux nouveaux fournisseurs d'accès. En conséquence, bien qu'encore hors de prix, le coût de l'accès à Internet a tendance à baisser.
Nuançons cependant ce discours, en rappelant qu'il existe de fortes différences entre les États africains :
L'Afrique du Sud notamment est la figure de proue du continent en matière de connexion à Internet.
Et, en matière d'usage d'Internet au niveau gouvernemental, les pays francophones semblent parfois en avance, grâce aux aides des agences pour la francophonie, sur leurs voisins.
Une première explication du coût relativement élevé de la connexion à Internet en Afrique a déjà été abordée précédemment. Les inégalités dans l'architecture du réseau nécessitent de la part des fournisseurs d'accès à Internet africains la mise en place de nouvelles infrastructures (câbles sous-marins ou connexions satellitaires) que leurs homologues européens ou américains possèdent déjà et ont amorties depuis plusieurs années.
Réflexions sur la fracture numérique
Trois niveaux d'inégalités à distinguer
La fracture numérique ne se limite pas à l'accès aux nouveaux moyens de communication. Il importe de distinguer trois niveaux d'inégalités vis-à-vis des nouvelles technologies :
- L'inégalité dans l'accès à un ordinateur, à Internet...
- L'inégalité dans l'usage d'outils.
- L'inégalité dans l'usage des informations issues de ces outils
Quelques exemples de lutte contre la fracture numérique
Le PNUD notamment a reconnu en 2001 la lutte contre la fracture numérique comme un de ses six axes prioritaires dans le domaine « Information et technologies de la communication ». Aux niveaux locaux, d'innombrables associations luttent avec leurs moyens contre la fracture numérique en offrant à une population pauvre ou âgée un premier contact avec l'outil informatique et le réseau internet. On peut citer par exemple le programme Internethon.
D'autres organismes (Artisans du monde ou Max Havelaar par exemple) se servent des possibilités de commerce sur internet pour essayer de mettre en place à leur échelle de nouveaux rapports Nord / Sud. Cela ne se rapproche pas directement de la lutte contre la fracture numérique mais se servir de l'outil internet dans un but solidaire, c'est donner une raison de plus d'intéresser et de former une population défavorisée au 'réseau des réseaux'.
En France, face à un Web 2.0 participatif « qui offre des potentialités d’interaction et de collaboration qui sont sous-exploitées, mal exploitées, voire détournées », qui « au lieu de constituer un véritable lieu d’émergence de l’intelligence collective et de la solidarité numérique [..] semble plutôt susceptible d’engendrer de nouvelles formes de fracture numérique et d’accentuer l’e-exclusion ou l’info-exclusion », des ONG envisagent en 2005-2010 un « portail francophone collaboratif de la solidarité numérique »
Source : web